Voilà plus de 4 ans que je partage mon cheminement avec vous. En 4 ans j’ai découvert tellement de choses, j’ai vu apparaître de nombreuses alternatives et j’ai voulu, comme un peu tout le monde, faire ma part et prendre part à ces changements. En y pensant, je me rends compte que mon évolution s’est en grande partie réalisée sous le prisme de la blogueuse. Celle qui doit montrer l’exemple, qui doit être parfaite, doit faire encore mieux que ce qu’elle conseille au quotidien. En quelques mois j’ai voulu passer d’une consommation « normale » produisant des déchets de façon « normale » à une consommation totalement zéro déchet. Oui, moi aussi je voulais que mes déchets ne représentent qu’un bocal par an. Moi aussi j’ai voulu me défaire de toutes mes possessions et devenir une figure du minimalisme. Et moi aussi j’avais envie de faire encore mieux que consommer responsable, j’avais envie d’être un exemple de dé-consommation. Ces décisions prises de façon assez impulsive entre 2015 et 2016, m’ont amené à faire des erreurs. À expérimenter des choses qui, soyons honnête, ne me convenaient pas et ne me conviendront probablement jamais. Aujourd’hui j’ai le recul nécessaire pour vous parler de ces erreurs et c’est donc l’objet de cet article. Je pense avoir trouvé un certain équilibre dans ma façon de consommer et de voir les choses, et c’est ce que j’ai envie de partager avec vous sans détour.
Un changement trop radical
Après la lecture de « Zéro Déchet » de Béa Johnson il était évident pour moi que c’était la vérité absolue à suivre. J’ai donc décidé, presque du jour au lendemain, de réduire drastiquement mes déchets. J’emménageais dans un nouvel appartement en janvier 2015 et c’était l’occasion de prendre de bonnes habitudes. A suivi de très près la lecture de « La Magie du Rangement » de Marie Kondo. Une ode au minimalisme, un livre qui vous pousse à vous débarrasser de tous les objets superflus qui vous entoure. La tête pleine de ces nouvelles idées, j’ai brûlé les étapes, vider mes placards, jeter mes objets en plastique pour les remplacer par des matériaux plus nobles (sans attendre qu’ils soient cassés bien sûr 😑), voulu acheter en vrac absolument partout où j’allais (même à Carrefour), j’étudiais et faisais attention à absolument tout ce qui pouvait passer la porte de mon appartement. Hors de question de produire des déchets ! Hors de question de me stopper dans mon envie de minimalisme !
Acheter et consommer, devenait tabou pour moi. Je ne pouvais pas me dire écolo et répondre à un de mes besoins par du neuf. Je m’étais inconsciemment fixé pour objectif de ne rien acheter, de ne pas faire d’écart, de dépenser mon argent uniquement pour me nourrir et pour mes besoins les plus simples. Je me disais qu’en tant que minimaliste je n’avais besoin de rien.
À cette époque, que quelqu’un puisse faire entrer des déchets chez moi pouvait me rendre malade. Par exemple, je ne compte pas le nombre de prises de bec que j’ai eu avec mon mari parce qu’il ne faisait pas attention lorsque qu’il faisait des courses ou achetait à manger dehors. Au lieu de me focaliser sur la gentillesse du geste, je ne voyais que les déchets produits et le rêve de mon bocal de déchets annuel qui s’éloignait.
L’injonction de la blogueuse parfaite
Parallèlement à cela, en ne partageant que cet aspect irréprochable de ma consommation et de mon style de vie sur les réseaux sociaux, je me suis enfermée dans le rôle d’une blogueuse parfaitement zéro déchet et parfaitement écolo. J’observais ce que mes homologues faisaient, et je culpabilisais. Je ne faisais pas assez ou pas assez bien. Je devenais alors plus exigeante avec moi-même, et je publiais sur mes réseaux sociaux l’aboutissement de ce cheminement express. C’est, je crois, à ce moment-là que j’ai perdu la partie de ma communauté qui était là pour mes conseils beauté avant tout. Mon changement radical ne parlait pas, j’avais sauté les étapes et mes critères étaient devenus plus strictes. Et concrètement, comment être en phase et suivre une personne qui ne montre que sa vie et sa consommation parfaite ? Quel est le but de continuer à suivre quelqu’un qui pourrait vous faire culpabiliser ?
Et puis, petit à petit, j’ai observé que certain.es abonné.es devenaient aussi plus strictes avec moi. Puisque j’étais affiliée comme une blogueuse zéro déchet, chaque manquement valait un rappel à l’ordre ou parfois une déception. Comment pouvais-je faire la promotion de tel ou tel produit qui ne correspondaient pas aux critères qui me semblaient si chers ? Le minimalisme et le zéro déchet (les deux sont très liés) impliquaient que je ne devais me contenter que d’un savon à tout faire et d’une brosse à dent. Bien sûr j’extrapole mais c’est le genre d’injonction auxquelles doivent faire face les personnes se revendiquant de tels mouvements. Et ces injonctions sont d’autant plus fortes lorsque l’on est un personnage public, une blogueuse ou une youtubeuse. Lorsque l’on est mise dans une case, il est difficile d’en sortir.
Le moment où j’ai compris que je ne pouvais plus continuer comme ça
En toute honnêteté j’ai été très, très, très frustrée. Et c’est normal. Mon évolution n’ayant pas été progressive, je suis plus ou moins passé du tout au tout. Pendant presque un an je n’ai pas succombé à mes envies de me faire plaisir parce que je voulais me prouver que moi aussi j’étais capable de dé-consommer. Pendant presque un an je devenais folle parce que je m’étais séparée de mon essoreuse à salade en plastique et que celles en inox étant bien trop chère, j’épongeais ma salade avec un torchon. Pendant presque un an je culpabilisais d’acheter des livres, moi qui adore ça. Pendant presque un an j’ai été obsédée par tout ce qui pouvait nuire à cette nouvelle façon de vivre que je m’étais imposée.
Alors, quel a été le déclic ? Voir que mon amie Samia du blog lesideesdesamia.com commençait à lâcher du lest. Elle qui était une caution écolo/zéro déchet/ slow consommation devant qui j’avais presque honte de mon mode de vie, venait de s’acheter deux paires de baskets Veja. Rien que ça ! Quand j’y pense, j’en rigole mais je crois que ça prouve comment les réseaux sociaux peuvent influer sur nos actes du quotidien. Et comment j’ai pu faire culpabiliser certain.es d’entre vous.
Le jour où je me suis dit que je ne pouvais plus m’imposer un mode de vie qui ne me correspondait pas a été une véritable libération. Oui, je voulais continuer à réduire au maximum mes déchets, oui, je voulais avoir une consommation plus réfléchie mais non je ne voulais pas m’enfermer dans un carcan, dans des obligations en contradiction totale avec ma personnalité. En toute honnêteté suite à cette décision, je suis allé dans le centre commercial le plus proche et j’ai fait exploser mon budget (et accessoirement mon éthique 😅) auprès d’enseignes de la fast-fashion. Ah et j’ai acheté une essoreuse à salade en plastique aussi. Tous ces mois de frustration ont été pour ainsi dire soignés par ce craquage. Ce qui est très bête indéniablement, mais c’est comme ça. Et c’est pour éviter de retomber dans cet engrenage qu’aujourd’hui je vais à mon propre rythme et que je partage avec vous mon évolution mais aussi ma réalité et les petites choses loin d’être écolo/minimaliste/zéro déchet/éthique que j’achète ou fais encore.
Et aujourd’hui ?
C’est un fait je ne suis pas une blogueuse parfaitement zéro déchet, écolo, éthique dans mes choix de vie. Je suis un être humain plein de contradictions, qui essaye de faire de son mieux en évoluant chaque jour un peu plus vers mon propre idéal. Je fais selon mes envies, mon budget, mon temps. Et lorsque ce que je fais un acte ou un achat en contradiction avec les principes que j’essaye de propager au quotidien, je déculpabilise. (D’ailleurs allez jeter un oeil au #jedeculpabilise qu’à lancé mon amie Samia sur Instagram.)
Mon expérience m’a permis de comprendre que Béa Jonhson n’était pas un idéal à atteindre et qu’au contraire sa vie pouvait s’avérer extrêmement culpabilisante. C’est pourquoi aujourd’hui je me rends compte que je n’aurai pas dû commencer par elle dans mon cheminement. Je n’aspire plus ni à son bocal, ni à sa garde robe de 10 pièces. Comme je n’adhère plus au concept de maison minimaliste aseptisée de Marie Kondo. Leurs conseils sont très bons à prendre mais je crois que chacun doit les adapter suivant son propre mode de vie et ses aspirations. Il est inconcevable pour moi de refuser un cadeau, de faire des kilomètres pour faire recycler certains de mes déchets ou de vivre dans un espace vide pour éviter le superflu. Alors je fais comme je peux et surtout comme je veux.
Et puis finalement si j’arrêtais de me comparer aux autres, si j’arrêtais de voir ce que je ne fais pas ? Et si je me concentrais plutôt tout ce que je fais déjà ? Il est primordial de se dire que l’on fait déjà beaucoup plus que le français moyen et nous n’avons pas à en avoir honte bien au contraire. Je fais déjà ma part et j’aspire évidemment à faire toujours plus et toujours mieux. Mais désormais c’est décidé, j’arrête de m’auto-flageller et je fais la paix avec moi-même et avec vous. Avec vous parce qu’il est hors de question de ne vous montrer que le côté reluisant de mon mode de vie. Depuis des mois, je prends la parole régulièrement en story Instagram à ce sujet et j’ai des retours très positifs. Ce qui, égoïstement, me conforte. Je sais que je ne suis pas seule à me dire que je suis nulle, à me comparer aux autres et à culpabiliser. C’est pourquoi aujourd’hui j’avais envie d’écrire cet article, parce que je sais ce que ça fait d’avoir des standards inatteignables. Devenir plus écolo et plus responsable ne se fait pas du jour au lendemain, ce n’est pas facile pour tout le monde mais cela reste une nécessité. Alors arrêtez de vous comparer, faîtes de votre mieux, à votre rythme. Ne faites pas attention à ceux qui pensent que vous ne faites pas assez et ne devenez pas de ceux qui font culpabiliser. Mais toujours, continuez à faire du mieux que vous pouvez car chaque petit geste compte.
PS : si vous recherchez des ouvrages plutôt bienveillant qui vous aideront à réduire vos déchets en douceur je vous conseille le livre de ma copine Chloé « Toute une année Zéro Déchet » et le livre « Famille presque Zéro Déchet, Ze Guide » de Bénédicte Moret et Jérémie Pichon.