Comment être un(e) bon(ne) citoyen(ne) ?

Plus que 7 jours pour décider, pour se positionner et choisir qui sera notre futur(e) président(e). Cet entre deux tours a un goût amer pour moi, et je ne suis clairement pas seule. Moi qui …

Être une bonne citoyenne

Plus que 7 jours pour décider, pour se positionner et choisir qui sera notre futur(e) président(e). Cet entre deux tours a un goût amer pour moi, et je ne suis clairement pas seule. Moi qui avais décidé de m’abstenir et qui finalement a voté parce que j’avais un espoir de voir les choses changer. Cela fait des années que j’ai décidé d’être apolitique. Mais force est de constater que mon identité et mon mode de vie entrent en choc frontal avec les idées de nos deux candidats finaux. Alors comment, dans ce semblant de démocratie, dois-je me comporter pour être une bonne citoyenne ? 

Comme toute personne, plusieurs facettes composent mon identité. Je suis française fille d’immigrés marocains et musulmane pratiquante. J’ai grandi jusqu’à l’âge de 10 ans dans une ferme en Corse puis j’ai déménagé dans un quartier populaire montpelliérain. Cette partie de moi m’ancre profondément à gauche. Mais mon cursus scolaire post baccalauréat en BTS Banque puis en école de commerce ont tendu à me faire voir les bienfaits d’une économie plus libérale. Je suis depuis quelques mois auto-entrepreneur et je trouve que les impôts sont complètements excessifs et aimerais qu’ils soient allégés. Des envies et des idées définitivement à droite. Depuis quelques années je suis une écolo, je dé-consomme, je préconise un mode de vie plus slow et je pense constamment à mon impact sur la terre, l’homme et les animaux. Suis-je donc plus proche des verts ? Je suis aussi une femme qui se bat pour l’égalité de nos droits, vers qui dois-je me tourner pour ce point ? Pour qui voter lorsque personne ne vous représente ? Lorsque que, forcément, une part de mon identité sera occultée voire bafouée ?

Nous sortons essoufflés d’un quinquennat de gauche catastrophique, qui n’a jamais créé autant de fracture sociales et sociétales. Je n’ai plus confiance en la gauche et je ne l’ai résolument jamais accordé à la droite. A l’heure où Donald Trump est le président du monde libre je me sens en danger d’un point de vu beaucoup plus global. En tant que femme qui se bat pour ses droits, en tant qu’écolo qui déplore tous les jours les effets du réchauffement climatique, en tant que spectatrice impuissante des conflits qui se déroulent actuellement dans le monde. Mais surtout en tant qu’enfant de l’immigration et musulmane, que l’on pointe de plus en plus facilement pour cacher les réels problèmes sociaux et économiques que sont en train de vivre nos bonnes vieilles démocraties. L’heure est au repli et cela me fait peur (coucou Lepen !).

Et puis je suis profondément convaincue que les décisions de nos gouvernements ne se font pas pour le peuple mais pour le bien-être du portefeuille des grandes banques et des industriels (coucou Macron !). Ce n’est pas une nouvelle, le lobbying gangrène la politique nationale et européenne et chaque avancée et tout de suite suivie par une marche arrière. Finalement sommes-nous réellement dans une démocratie dans le sens strict du terme ? Avons-nous une part, une voix à donner dans les décisions qui concernent le fonctionnement et l’avenir de notre pays ? À ce que je sache, les référendums ne sont pas monnaie courante en France. Au contraire nous avons eu une belle démonstration du peu d’intérêt que nous porte nos élus avec le 49.3 et la loi travail.

Je ne vais rien vous apprendre, mais aujourd’hui nous sommes dans un système que l’on appelle une oligarchie. Le pouvoir est remis entre les mains de très peu d’élus et ceux-ci prennent des décisions sans prendre en compte l’avis des personnes qui leur ont confié ce pouvoir. Nos politiques sont tellement déconnectés de la réalité et des vrais problèmes des français. Ils nous dépouillent (coucou Fillon !), sont au-dessus des lois (coucou un nombre incalculable d’entre vous), et nous demandent de faire des concessions.

Comme je vous le disais plus haut, à la base mon article devait vous expliquer les raisons pour lesquelles je ne voulais pas voter lors des présidentielles. Mais j’y ai cru et ai joué le jeu, j’ai voté pour le programme qui semblait correspondre aux idées que je me faisais du futur de la France, en étant cependant convaincue de l’issu du premier tour. Et ça n’a pas loupé. Macron le candidat des banques et des médias contre Le Pen candidate de la France manipulée par BFM TV. Inutile de vous dire que ces candidats sont aux antipodes de ce en quoi je crois. Pour la énième fois en France, nous sommes forcés de voter contre, de faire barrage et d’élire un candidat qui, force est de constaté, n’a pas réellement de programme. Voter pour l’enrichissement des plus riches ou pour le rejet de tout ce qui ne ressemble pas de près ou de loin à l’idée du français de base, voilà ce que l’on nous propose en 2017. Et je ne souhaite plus être complice de cette supercherie. Vais-je m’abstenir, voter blanc ou voter Macron, je ne sais pas encore. Ce que je sais et ce que je peux vous assurer, c’est qu’aujourd’hui mes actes du quotidien ont plus d’impact et de poids que n’importe quel bulletin de vote.

Ma vision du civisme est peut-être un peu différente de ce que l’on nous enseigne à l’école. Je ne suis pas qu’une citoyenne française mais une citoyenne à l’échelle de la planète. J’estime avoir plus de responsabilité envers la planète et envers les générations futures qu’envers n’importe lequel de mes anciens et futurs présidents. Et c’est en choisissant ce prisme que tout mon mode de vie devient progressivement responsable et que je deviens une bonne citoyenne.

Je réduis mes déchets au maximum en choisissant dans la mesure du possible la solution la moins polluante. J’essaye d’acheter un maximum de provisions dans mon magasin bio afin de faire vivre et de donner plus de sens à cette agriculture. Je n’achète presque plus mes vêtements dans les grandes enseignes de prêt-à-porter car je ne veux pas économiser de l’argent sur le dos d’un être humain sous-payé. Je ne consomme plus que des marques naturelles, qui sont responsables et maîtrisent leur chaîne de production du début à la fin. Car oui bio ne veut pas forcément dire responsable. Je change bientôt de banque pour en choisir une qui n’a pas d’intérêts dans des projets que je refuse de financer. Je refuse également d’acheter des médicaments et de financer l’industrie pharmaceutique. J’ai créé avec d’autres blogueuses une association pour promouvoir notre mode de vie. Je sensibilise un maximum de personne autour de moi, du mieux que je peux. Je ne donne plus mon argent à des causes qui vont à l’encontre de ce en quoi je crois. Ces entreprises misogynes, polluantes, dangereuses, islamophobes, ne respectant pas les droits fondamentaux des hommes ou faisant du mal aux animaux  ne verrons plus jamais la couleur de mes billets. Car sachez que votre plus grand pouvoir est votre argent et que c’est lui qui soutiendra ou non vos choix politiques du quotidien. Et quand ces choix prennent de l’ampleur, deviennent de plus en plus importants et touchent de plus en plus de personnes, la société change et les entreprises s’adaptent. C’est ainsi que vous devenez un citoyen actif qui oeuvre pour l’intérêt commun, pour une société meilleure et plus juste, tous les jours et pas seulement une fois tous les cinq ans. Et c’est cela avoir du pouvoir.

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