Masculinité toxique et réchauffement climatique

Prenons un peu de recul et analysons quel est le genre de l’écologie du quotidien ? Évidemment, il est sans l’ombre d’une hésitation féminin. Il n’y a qu’à jeter un œil sur le monde de …

Masculinité toxique

Prenons un peu de recul et analysons quel est le genre de l’écologie du quotidien ? Évidemment, il est sans l’ombre d’une hésitation féminin. Il n’y a qu’à jeter un œil sur le monde de la blogosphère green pour découvrir que celle-ci est exclusivement féminine. L’écologie c’est pas vraiment un truc de mec visiblement ! Pire, la masculinité toxique aurait des effets néfastes sur le climat. Plusieurs études menées ces dernières années confirme ce postulat. Je vous propose donc d’analyser le lien puissant entre masculinité toxique et réchauffement climatique afin de comprendre le phénomène. Plongeons donc ensemble dans le monde des hommes « virils » et de leur fragilité qui nous fera tous-tes crever 🙃 !

C’est un fait, les stéréotypes de genre affectent la lutte contre le réchauffement climatique. Une étude menée en Chine et aux États Unis a mis en évidence des résultats à la fois dingues et préoccupants. Pour les participants, les éco-gestes sont vus comme des actes féminins. Utiliser un sac réutilisable, trier ses déchets ou ne plus manger de viande renverrait une image féminine et faible. Une majorité des hommes sondés admettent qu’ils sont plus susceptibles de ne pas adopter des comportements écologiques « par peur d’être perçu efféminés ou d’avoir l’air gai ». Voila, voila. Parce que vrai homme verse des barils de pétrole à même la forêt et y met le feu 🤡 !

Plus sérieusement, ce type de comportement relève de ce qu’on appelle la masculinité toxique. Petite définition : « La masculinité toxique est un concept utilisé en psychologie et dans les études sur le genre en référence à certaines normes du comportement masculin qui ont un impact négatif sur la société et sur les hommes eux-mêmes, en Amérique du Nord et en Europe. ».

Pour vous donner un exemple concret : en Europe de l’Ouest les émissions CO2 d’un homme sont 20% supérieures à celles d’une femme : 39,3 kg contre 32,3. Une étude corrélée par les chiffres de l’Insee : en France les hommes achètent plus de viande et utilisent moins les transports en commun que les femmes. Entretien et carburant liés à l’utilisation d’une voiture ou encore consommation plus importante de viande, les clichés qui, dans l’imaginaire collectif, sont associé à la virilité d’un homme ont des conséquences directes sur l’environnement. D’ailleurs en parlant viande et grosse voiture, une autre étude a mis en avant le profil type du climato-septique américain : il est vieux, blanc, riche consomme plus de viande que la moyenne, a une grosse voiture polluante et voyage en avion souvent. Des hommes privilégiés, biberonnés aux stéréotypes de genre qui n’ont qu’une volonté, défendre leurs privilèges en ne se souciant pas des externalités négatives sur l’environnement et en étant hostiles aux discours écologistes.

Vous connaissez tous-tes plus au moins le rapport chelou qu’entretiennent certains hommes avec leur voiture (grosse voiture = virilité) ? Et bien figurez-vous qu’il existe tout un mouvement d’hommes anti-écologie qui pratiquent le « roalling coal » (charbon roulant en français) qui est la personnification de la masculinité toxique et de son impact direct sur l’environnement. Ces hommes modifient les moteurs de leurs – grosses – voitures afin que ceux-ci dégagent une fumée noire et polluantes. Sur internets on retrouve des pages entières dédiées à cette activité. Leur passe-temps favoris ? Cracher leur fumée sur les cyclistes, les piétons, les femmes (oh quelle surprise) et sur les activistes lors de rassemblements. Parce que ce sont des hommes, des vrais 🤠 !

En parallèle, les femmes sont, quant à elles, enfermées dans ce rôle du care : il est normal voire « naturel » pour nous d’assurer la protection des autres et de la planète. L’écologie du quotidien a un genre et c’est le féminin. En découle la charge morale écologique, qui s’ajoute à la charge mentale, et qui devient littéralement invivable entre culpabilité et difficulté de mettre en place tous les petits gestes dans un quotidien déjà chargé (pour en savoir plus sur la charge morale. Pire, les femmes sont même les premières victimes de la crise climatique.

La crise que nous vivons actuellement est la conséquence – affreusement logique – de nos modes de vie occidentaux et de notre système capitaliste, extractiviste, écocidaires mais aussi patriarcal (et donc empire de la masculinité toxique). Les (des ?) hommes s’attèlent à endommager la terre et la biodiversité au nom de développement et de la croissance. Ce monde qu’ils ont construit repose sur le sacro-saint pétrole. Ciment de nos modes de vie « modernes », il est un élément central d’un système mis en place par des hommes (blancs), de l’économie mondial mais aussi de l’identité masculine. Ce rapprochement est développé par Cara Dagget, chercheuse en sciences politiques, dans sa théorie de la pétro-masculinité.

Selon Dagget, la montée des politiques autoritaires/racistes/misogynes que l’on voit partout dans le monde occidental et l’accélération du réchauffement climatique sont liés. Il s’agit pour ces hommes de conserver les privilèges du système capitaliste et patriarcal blanc dans un contexte d’inquiétude généralisée. Pour contrer les revendications des défenseurs.rices d’une justice sociale et climatique rien de tel qu’une bonne politique d’austérité pour ne pas perdre le contrôle. Ces hommes nous empêcheraient donc d’évoluer vers une société décarbonnée car toute leur identité d’hommes puissants et leurs privilèges sont liés au pétrole.

Elle va même plus loin en analysant le maintien voire l’accélération de l’exploitation pétrolière comme une réponse violente à une masculinité ébranlée par l’émergence des revendications sociales (féminisme, anti-racisme, droit LGBTIQI+…) et climatiques. En bref, ne pas s’intéresser au sort de la planète est l’expression pathétique de la fragilité de ces vieux hommes riches et blancs qui sont à la tête de notre monde.

La masculinité toxique est donc un des plus gros frein à l’action dans notre contexte d’urgence climatique. Les patrons d’entreprises et les politiques sont ceux qui ont le plus à perdre dans le changement de notre société puisque leur pouvoir, leur argent et même leurs identités d’homme, sont intimement liés à la destruction de notre planète.

La masculinité toxique apprend aux hommes à se couper des valeurs de solidarité, d’empathie et de care (valeurs primordiales dans la lutte pour le vivant). Il est donc urgent de stopper le conditionnement des garçons aux normes viriles dès le berceau et de se libérer des stéréotypes de genre. Mais plus encore, il est urgent de se mobiliser collectivement afin de mettre un terme à la spirale infernale du capitalisme patriarcal et raciste et opérer une transformation radicale de nos sociétés.


Sources : 

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